Hamlet Queer est l’histoire d’un refus. Ophélie et Hamlet refusent leurs vies antérieures, imposées et écrites, pour se concentrer sur leurs futurs qu’ils choisissent, qu’ils composent. Sur scène ce refus se manifeste comme une lente et belle transition, d’un Shakespeare baroque à un texte neuf et poétique, où les personnages, en même temps que la langue, s’affranchissent de ce qui leur a été imposé. Ophélie refuse tout à la fois : sa mort, sa condition de fille, de sœur, de jeune femme, jusqu’à son identité de genre.
Au cours d’un effeuillage libérateur elle se délie de ses attributs féminins et renaît magnifique et androgyne. Pour Hamlet, épuisé par son rôle d’homme, de prince vengeur, rongé par les remords et la pression de la couronne, tout change lorsqu’il enfile pour la première fois une robe.
Ensemble, ils rejettent leurs destinées tragiques et leur histoire d’amour éternellement funèbre et réclament d’un seul cri la liberté d’enfin devenir eux-même, sans aucunes contraintes de genre et de rôle. Alors ils entament leurs transformations, enfin les corps sont libérés et glorifiés dans un feu d’artifice de beauté, de joie, d’amour, les lumières brillent sur ces corps retrouvés. Le spectateur devient le témoin de cette renaissance éclatante où Ophélie et Hamlet dansent vers cette révolution joyeuse.